Clarté n° 141 du 13 septembre 1947
Extrait page 2
A JEAN DE NEYMAN [1]
Professeur agrégé, combattant F.T.P.F., fusillé par les Allemands au Château d’Heinlex le 2 septembre 1944
– Ses amis et ses compagnons de lutte.
– Les représentants de la municipalité de Saint-Nazaire.
– Les sections communistes de la région ont rendu l’hommage que méritait le savant et le patriote,
Dimanche dernier2, au cimetière de la Tranchée à St-Nazaire, Monsieur le Colonel Doudeuil remettait à Mme et M. de Neyman la dalle funéraire posée par les soins du Comité du Front National et du Comité Local de la Libération, sur la sépulture de leur fils, Jean de Neyman, professeur agrégé, fusillé par les Allemands au château d’Heinlex, le 2 septembre 1944, pour son action militante dans l’organisation des Francs Tireurs
et Partisans Français.
De nombreux amis personnels et compagnons de lutte du disparu s’étalent associés à la cérémonie, ainsi que M. le Sous-Préfet de St-Nazaire, MM. Guitton el Grenapin de St-Nazaire, Vincent et Coicaud de La Baule, Ganachau et Jamouillet de la Section de Saint-Nazaire...
Après la cérémonie au cimetière les mêmes personnes se rendirent au château d’Heinlex où, devant la stèle élevée à la mémoire de Jean de Neyman par la section communiste de La Baule et l’association des Francs Tireurs et Partisans Français, Ganachau exprima le sentiment de tous ceux qui connurent la vie du jeune savant et rappela ce passage de sa dernière lettre :
« Je m’en vais donc disparaître dans les meilleures conditions possibles, après avoir eu la chance de voir le sinistre tableau du monde de 1939 remplacé par les claires perspectives de 1944, et la nouvelle chance que ma condamnation me donne le droit de penser que je n’y suis pas complètement étranger après avoir dégusté l’amusante et flatteuse ironie du sort qui me fait l’un des derniers fusillés français de cette guerre avec l’agréable sensation d’avoir laissé par écrit le meilleur de moi-même, en plus de ce que j’ai pu laisser comme influence durable dans la vie de ceux que j’ai connu.
« Et comme dans les conditions où elle se produit, ma disparition peut avoir autant d’effet que le bien que j’aurais pu faire en un peu de vie supplémentaire, mon seul regret est le chagrin qu’elle ne peut manquer de vous causer mes chéris.
« En vous embrassant, je vous écris la conclusion de ma vie : entre les deux morales célèbres : il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » et « Toute la sagesse tient en ces deux mots : attendre et espérer ». Il y a de la place pour ma synthèse : tout le bonheur de l’homme tient dans ce devoir agir et espérer ».
JEAN
Puis Madame de Neyman dans le langage où une mère peut parler de son enfant disparu, dit la foi qui anima son fils contre l’occupant et remercia. les organisations représentées de l’hommage rendu à son sacrifice.