Le 2 septembre 2024, cela fera 80 ans que Jean de Neyman a été exécuté par les nazis à Saint-Nazaire. Un anniversaire qui mérite une commémoration à la hauteur de son courage.
Trois temps forts sont déjà organisés du 2 au 14 septembre :
Durant cette période, une exposition composée de 12 panneaux et des objets personnels seront présentés au public à l’Hôtel de Ville de Saint-Nazaire.
Vendredi 6 septembre, une évocation artistique.
Samedi 7 septembre, c’est la commémoration officielle.
Site de recherches sur la vie de Jean de Neyman, Résistant, fusillé le 2 septembre 1944 à Saint-Nazaire (Heinlex) en Loire-Inférieure (Loire-Atlantique aujourd’hui) - France.
Le Lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine a tenu à honorer les professeurs et élèves morts pour la France. Le 4 mars 1956 une plaque de marbre portant les noms des professeurs et élèves tués est inaugurée.
Une plaque, en fronton, comporte six noms de professeur et d’élèves morts avant l’armistice de 1918. Une seconde plaque est composée de la liste des morts pendant la guerre Seconde Guerre mondiale et de ceux de 1946 à 1956 en Indochine.
Jean figure dans la longue liste des morts pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les préparatifs de la cérémonie commencent en février 1956. Il s’agit pour l’administration d’inviter tous les proches des disparus, une liste est dressée dans ce sens, et le Proviseur leur envoie un courrier : « Le Proviseur du Lycée Pasteur a l’honneur de bien vouloir assister à la cérémonie qui aura lieu au Lycée, sous la présidence d’honneur de Monsieur le Recteur de l’Académie de Paris le dimanche 4 mars, à 11 heures devant la plaque portant les noms des maîtres et des anciens élèves morts pour la France depuis 1939 [4]. »
Devant le nombre important d’élèves du lycée, il est décidé que seuls les élèves des classes terminales et préparatoires y assisteront. Néanmoins, les autres élèves seront conduits par leurs professeurs, le lendemain, le lundi 5 mars 1956, le proviseur précisant : « Je crois qu’il serait bon que vous leur rappeliez en quelques mots les sacrifices de leurs aînés et que vous les invitiez à comprendre le sens de cette manifestation qui doit d’effectuer dans le plus grand recueillement. »
Une réponse favorable
Constantin de NEYMAN répond favorablement à l’invitation du proviseur fin février 1956, et joint dans son courrier la dernière lettre de son fils, Jean.
Monsieur le Proviseur
LYCEE PASTEUR
NEUILLY / SEINE
/Seine/
Monsieur le Proviseur,
J’ai bien reçu votre lettre du 20 courant et je vous remercie de votre invitation.
Vous pouvez compter sur ma participation à cette cérémonie qui doit avoir lieu dimanche 4 mars. J’y occuperai la place que vous voudrez bien me réserver.
Je profite de l’occasion pour faire parvenir une copie de la dernière lettre de mon fils qui pourrait être utile aux éducateurs.
Veuillez agréer, Monsieur le Proviseur, l’expression de mes sentiments distingués.
Signature
Le dimanche 04 mars 1956 à 11 heures, dans le parloir du lycée, en présence de M. l’Inspecteur Général JACOB, de M. SAISSAC [5] , proviseur du lycée, de M. PERETTI, maire de Neuilly-sur-Seine, de M. MALINGUE, président de l’Association des anciens élèves, de M. BOULTE, président de l’Association des parents d’élèves et de M. PERRET [6] , ancien professeur de philosophie du lycée, le voile tricolore s’efface pour découvrir la plaque en marbre gravée de 81 noms dont 68 anciens élèves dont celui de Jean de NEYMAN.
Les professeurs, professeurs honoraires ainsi que les élèves de classes terminales et supérieures y participent ainsi que les familles des disparus. La chorale du lycée y interprète la Marseillaise tandis que le proviseur, M. SAISSAC, à la suite, prononce son discours entrecoupé par une sonnerie « Aux Morts » suivie d’une minute de silence.
Le proviseur va y lire la dernière lettre de Jean : « Il avait trente ans, un magnifique avenir. Après avoir efficacement combattu dans la Résistance, il avait généreusement sauvé, en le cachant un marin allemand déserteur. Ils furent pris tous les deux, condamnés à mort, et c’est en attendant sa fin qu’il écrivit à sa famille la lettre dont j’extrais quelques passages. Vous comprendrez qu’à ce message, pas un mot ne puisse être ajouté. »
À la fin de la lecture de la lettre, la chorale interprète le « Chant des Partisans », les discours reprennent et la cérémonie se termine par la dernière strophe de la Marseillaise. Toutes les personnes présentes défilent ensuite devant la plaque pour se recueillir.
Cette lettre, transmise par Constantin, a été dactylographiée à partir d’une version manuscrite, annotée et complétée pour y comprendre le message codé de Jean. En 1956, le code n’est pas joint à la lettre et c’est sans doute de manière orale que Constantin la décrypte aux personnes présentes lors de la cérémonie.